Une des choses que l’on voulait faire en Birmanie était d’aller à la rencontre des birmans. Le pays ne permet pas de demander le logement aux autochtones car ils doivent avoir une autorisation du gouvernement pour vous héberger. Le meilleur moyen que nous ayons trouvé est de faire le trek entre Kalaw et Inle afin de s’immerger dans la Birmanie profonde.
Après une recherche intensive, un seul nom revenait sans cesse : Sam’s Family! Il existe beaucoup d’autres agences dans Kalaw mais nous n’avons pas regretté notre choix … bien au contraire. En route pour 65 km de marche, 3 jours, 2 nuits et des ampoules. Laure et Nicolas (un couple grenoblois), Ieva (surement la seule lituanienne en tour du monde 🙂 ) et Zaw « The Love Machine » (notre jeune guide de 20 ns) compléteront notre groupe. Le but : se rapprocher un peu plus des birmans et de leur mode de vie.
Départ à 9h de Kalaw sous la fraîcheur mais cela ne va pas durer. Il existe plusieurs itinéraires plus ou moins longs. On est pas venu pour enfiler les perles, on a pris le plus dur que Sam’s Family nous proposer. Petite précision qui aura son importance pour ceux qui doutent de la difficulté : Perrine n’est pas du tout sportive et avait des chaussures trop petites!
Premier village traversé : HIN KHA KONE. Zaw nous explique que la tribu des Palaung (7-8 villages aux alentours) ne se marient qu’entre eux et vivent à plusieurs familles dans de grandes maisons. Les gens des alentours vivent essentiellement de la culture du thé vert et des oranges. Première surprise, notre guide nous emmène déjeuner chez lui dans le village de KANBANI. Sa famille nous accueille très chaleureusement dans leur demeure au confort rudimentaire. Une maison tout de bambou tressé avec un toit en tôle (depuis peu), un rez-de-chaussée ouvert pour entreposer le riz, les céréales. Au premier, une pièce de vie avec une table. Aux murs, le portrait du Président et un autel dédié à Bouddha puis une chambre qui, je vous le donne en mille, n’est pas dotée d’un matelas triple épaisseur tout confort. Avant de repartir, la famille de Zaw nous fait goûter la canne à sucre et nous livre quelques explications sur leur mode de vie qui pousse au respect.
On attaque une après-midi Walking Dead, marchant sur les rails jusqu’au terminus. Allons-nous nous faire manger tout cru au bout? Sur le trajet, Zaw nous explique qu’il faisait ce trajet à pied pour aller à son école … Ah ouais ok!! En arrivant à notre village hôte par les rizières à la tombée du soleil, nous assistons à un match de Chinlon, un sport birman. Ce sport se joue au pied avec une balle en rotin et un filet comme au Badminton. C’est très spectaculaire car il nécessite d’être très souple. Un des joueurs peut monter le pied au dessus de sa tête et taper un grand coup de talon. Zaw nous avait fait une petite démo de ses qualités d’athlète, il trépigne à l’idée de jouer. Pour ce qui est de nous, on va surtout regarder et éviter la blessure et le claquage à coup sûr. Le village TAUNG LAR est celui des Danu Tribe dont les femmes sont vêtues de noir avec des chapeaux. Nous sommes d’ailleurs surpris de la pénibilité du travail des femmes. Quasiment, voir même, plus dur que les hommes.
Ce soir nous avons le plaisir de dormir chez U GYJ MYINT. Festin royal, Zaw est un très bon cuisinier. Des prémices de la Love Machine apparaissent! Zaw nous apprendra que la première lettre du nom donné chez les birmans dépend du jour de naissance (Lundi : G, Mardi: S ou Z, Samedi : N, Dimanche : A/U/O). Notre itinéraire nous permet de braver les montages de l’éléphant, du serpent et du dragon. rien que ça! De ce fait les nuits sont fraîches, très fraîches. Nous dormirons quasiment à même le sol sur des matelas très fins mais sûrement mieux que nos hôtes. Ces derniers nous ont donné des couvertures, beaucoup de couvertures. Après avoir enfilé mon pull, mon pantalon, mes chaussettes, mis ma capuche et m’être couvert de 3 grosses couvertures en laine, j’ai pu attaquer ma nuit!
Une journée à peu près typique de U GYJ MYINT se déroule de la manière suivante : debout à 5-6h pour le petit déjeuner, départ aux champs ou vers d’autres tâches domestiques ou agricoles, puis retour à la tombée du soleil vers 18h. Ils attaquent le dîner puis, assez rarement, regardent des films coréens ou des matchs de foot à la télévision. 21h, extinction des feux pour une douce nuit fraîche.
Après avoir remercié U GYJ MYINT pour son accueil, nous repartons sur les chemins pour de nouvelles aventures. En route, nous discutons avec Zaw de ce qui nous a interloqué. Les villages sont très pauvres, vous vous doutez bien que la 3G on en parle pas et pourtant les jeunes comme Zaw ont des smartphones qui leurs coûtent 3 mois ou plus de salaires (200$ de téléphone + 150$ de SIM!). Le clou du spectacle : parfois certains villages n’ont pas de réseau. Zaw nous confessera avec sa fausse timidité qu’il peut rarement appeler sa petite copine restée étudier à Taunggyi, la grande ville du coin. Si je vous ai présenté Zaw comme une « Love Machine », ce n’est pas pour rien! Il n’est pas une chanson fredonnée sans le mot LOVE dedans.
Changement de paysage, la terre devient ocre. Il y a des maisons en pierre, les gens semblent un peu plus souriant et réceptif que dans certains endroits dans les montagnes . Nous nous arrêtons manger à NAN TAIN (tribu des Paoh et Taung) mais surtout nous essayons le bétel qui est une préparation à mâcher avec de la noix d’arec, de la feuille de bétel et de la chaux! A consommer avec modération! La mastication excessive se traduit par des crachats rouges et un rougissement des dents mais surtout le bétel rend complètement stone…Huuummmmm!
PATTU PAUK, notre 2ème village hôte approche. Les habitants n’ont pas d’eau courante et l’acheminent d’une rivière voisine puis la remontent par seaux après une marche de 20 minutes. La douche au milieu du village à côté du « bar » sera très courte. En comparaison avec nous, il semble y avoir 100 ans de retard sur l’agriculture (pas de tracteurs), sur l’eau (pas d’eau courante) et l’électricité (qui lorsqu’elle est présente provient de panneaux solaires). Encore un festin royal, on aura jamais aussi bien mangé de tout notre séjour. La soirée se termine à la guitare autour d’un feu avec « Baba » notre hôte, Zaw et d’autres guides plus lover les uns que les autres. La nuit sera plus chaude mais toujours avec un confort sommaire. A la lueur du jour, la brume ne s’est pas levée, les femmes s’apprêtent à partir au champ pour la cueillette des piments ou du thé.
Le 3ème jour nous conduira, en compagnie de Foxy notre nouveau compagnon canin, jusqu’au lac Inle après avoir battu la terre rouge. C’est l’heure des adieux et de prendre le bateau pour rejoindre le nord du lac et la fin de notre trek à NYAUNG SHWE.
Les images de ces 3 jours sont nombreuses Ce sont ces petits instants de partage au soleil couchant autour d’une bière, d’une table bien fournie, d’un feu, du sourire de Zaw, d’un partage avec les birmans qui font de ce trek un moment inoubliable, LE moment de notre séjour. Ce trek entre Kalaw et Inle n’aurait pas été le même si nous n’avions pas eu une team d’enfer et un guide au top. Sur beaucoup de blogs/forums vous verrez des commentaires du style « on vous recommande untel ou untel » mais Zaw c’est la crème, the cherry on the cake. Nous lui dédierons un petit portrait car il représente l’avenir de la Birmanie, c’est un homme à marier, une Love Machine 🙂