Comment t’est venue l’idée du Kilimandjaro?
Par pur défi ! Je ne suis pas alpiniste mais j’aime beaucoup la rando en montagne et je voulais faire quelque chose d’un peu exceptionnel. Je ne connais pas beaucoup de montagnes, je me disais:
- Le Mont-Blanc (toit de l’Europe), ça peut être sympa mais c’est un peu trop commun
- L’Everest (toit du monde), c’est quand même un peu haut
- Le Kilimandjaro (toit de l’Afrique), ouais, ça c’est pas mal, ça claque. Allez, c’est parti!
Qui as-tu contacté pour organiser ton voyage et comment les as-tu connu?
Il y a plusieurs agences qui proposent cette ascension (à savoir qu’il est obligatoire d’avoir un guide pour réaliser cette ascension) et les prix sont assez variables. Certaines agences proposent des tarifs avec le billet d’avion compris dedans, par contre il faut rajouter le prix d’entrée dans le parc (environ 500€ pour 7 jours). D’autres agences proposent des tarifs comprenant l’entrée dans le parc mais pas le billet d’avion. J’ai retenu l’agence Congema Safaris (qui avait de très bonnes critiques sur internet) et qui avait un tarif intéressant (avec entrée dans le parc mais sans billet d’avion). Attention, quelle que soit la compagnie choisie, il y a des pourboires assez élevés à donner à l’ensemble de l’équipe. C’est quelque chose à prendre en considération dans le budget total.
Les meilleures périodes pour faire cette ascension sont de janvier à mars et de juillet à septembre.
Quelle compagnie aérienne? En es-tu satisfait?
KLM pour l’aller et Kenyan Airways pour le retour. J’ai trouvé les deux compagnies très bien. Par contre, pour l’anecdote, à mon arrivée en Tanzanie, mon bagage en soute (avec mes affaires pour la semaine) était lui resté à Paris… Je pense que c’est plus la faute de l’aéroport CDG que de la compagnie KLM. Quand on arrive en Tanzanie en début de soirée et que l’ascension commence dès le lendemain matin, on se dit que l’ascension commence très mal.
Quelles sont les précautions avant de partir (santé, argent, conditions physiques…)?
Santé: Le vaccin contre la fièvre jaune est conseillé pour la Tanzanie, je l’ai fait par précaution (et aussi parce que je passais par le Kenya pour le retour(escale) et que ce vaccin est obligatoire là-bas). Autrement, j’avais un traitement anti-paludisme. Ce n’est pas obligatoire, surtout que je suis resté que 2 jours à des altitudes où il y a des moustiques, mais je l’ai pris au cas où. A savoir tout de même que certains guides déconseillent ce traitement qui peut augmenter le risque du mal de l’altitude.
Argent: La monnaie locale est le shilling tanzanien mais on peut aussi utiliser les dollars américains dans beaucoup d’établissements.
Conditions physiques : De ce que j’avais vu sur internet avant mon ascension, il s’agissait principalement d’une grosse randonnée plutôt que d’alpinisme pur et dur. La seule vraie difficulté est le mal des montagnes qui peut toucher n’importe qui, qu’on soit sportif ou non. Je ne me suis pas particulièrement préparé physiquement (je fais du sport 1 à 2 fois par semaine donc je me disais que c’était suffisant). Pour le mal de l’altitude, à part passer du temps en montagne avant de partir pour améliorer l’acclimatation, il n’y a pas grand chose à faire. Les agences qui proposent cette ascension sont bien conscientes de cette difficulté, donc elles préconisent de faire l’ascension en 5 jours (puis la descente en 2 jours) ce qui permet d’améliorer le taux de réussite.
Quel budget faut-il prévoir?
En tout, j’en ai eu pour :
- 900€ de billet d’avion (on peut trouver des billets moins cher mais je m’y suis pris tard pour les acheter)
- 1580$ pour l’agence (qui comprend le trajet aéroport-hôtel, 2 nuits à l’hôtel, l’entrée dans le parc, la fourniture du matériel (tente, matelas, duvet, les repas (sauf à l’hôtel), l’équipe d’accompagnateurs (guides, assistants-guides, cuistot, porteurs))
- 300$ de pourboire (c’est comme aux USA, c’est « obligatoire »)
Que contenait ton sac de voyage? As-tu pris un objet fétiche?
Mon sac contenait tout ce que l’agence m’a conseillé de prendre :
- Short et t-shirt (pour le 1er et le dernier jour où il faisait en gros 25°C)
- Gros manteau d’hiver (l’ascension finale qui se fait de nuit par -15 ..-20 °C)
- Pull
- Chaussures de randonnée en montagne, Chaussettes chaudes
- Gants, bonnet
- T-shirt thermolactyl
- Lampe frontale (pour l’ascension finale de nuit)
- Bâton de marche
- Trousse à pharmacie
- Petit sac à dos pour la journée (Le gros sac à dos est pris en charge par un porteur)
- Poche à eau
- Pas d’objet fétiche.
As-tu emporté du matériel photo? Ordi? Téléphone?
J’avais un APN hybride Panasonic GF6 et une Gopro. J’avais ramené les batteries en conséquence : 2 pour l’appareil photo et 5 pour la Gopro (pour faire du timelapse). Il n’y pas d’électricité dans les camps où nous dormions donc il faut prévoir le nécessaire. Je n’avais pas d’ordi (car la batterie reste limitée et qu’il est inutile de se charger). J’avais pris des cartes SD pour l’APN et la Gopro pour ne pas être limité en capacité de stockage. Pour le téléphone, ça capte très mal là-bas donc ce n’est pas nécessaire.
Est-ce possible de combiner l’ascension avec un safari?
Oui, c’est possible. L’agence par laquelle je suis passé pour l’ascension (Congema Safari) propose également des safaris (comme son nom l’indique). Tout est une question de temps et de budget. Si on part 10-15 jours en Tanzanie, on peut facilement combiner les deux. La taxe d’entrée dans les parcs (où se situe le Kilimandjaro et où sont organisés les safaris) se calcule à la journée : donc plus on reste dans les parcs, plus on paye.
Comment s’est passé la prise en charge à ton arrivée?
La prise en charge s’est très bien passée. Une personne de Congema Safari est passée nous chercher à l’aéroport. Le seul problème était que mon sac à dos et celui d’une amie avaient été égarés à l’aéroport CDG. Donc l’arrivée en Tanzanie (vers 20h) n’a pas été très relaxante. Après avoir porté réclamation pour nos bagages, l’agent de l’aéroport nous a annoncé que ceux-ci arriveraient le surlendemain matin. Notre départ pour l’ascension était cependant prévu pour le lendemain matin. Tout ça ne s’annonçait pas très bien. A notre arrivée à l’hôtel (vers 22h30), nous avons rencontré le directeur de l’agence Congema Safari qui avait été mis au courant de notre histoire de bagages perdus et qui a décidé de venir à notre rencontre. Il nous a tout de suite rassuré. Il nous a dit que nous pouvions commencer l’ascension le lendemain matin comme prévu (les vêtements que nous portions étaient largement suffisants), que nous passerions à une boutique pour louer le matériel complémentaire si besoin (et que les frais de location seront payés par l’agence !). Des porteurs récupéreront nos bagages à l’aéroport et nous les amèneront jusqu’à nous. Donc l’agence Congema Safari a vraiment été royale sur ce coup.
Combien de personnes lors de l’excursion (guide, porteurs, randonneurs (origine des randonneurs)?
Nous étions un groupe de 5 et nous étions accompagnés de 21 personnes (1 guide, 2 assistants-guides, 1 cuisinier et 17 porteurs). Ca fait beaucoup de monde mais tout le matériel nécessaire pour une semaine (tente, matelas, sac à dos, nourriture…) doit être transporté d’un camp à un autre. Toute l’équipe est tanzanienne et a une condition physique incroyable pour porter tout ça.
Combien de temps dure l’ascension?
Il existe différentes formules et différentes voies pour faire l’ascension. J’ai fait l’ascension par la voie « Machame » en 5 jours et la descente par le voie « Mweka » en 2 jours. On peut faire l’ascension par la voie « Machame » en 4 jours mais le risque d’avoir le mal de l’altitude est plus élevé. La voie « Machame » est une des plus jolies car il y a une grande diversité de paysage. C’est la voie la plus populaire donc il y a beaucoup de randonneurs, ne vous attendez pas à vous retrouver seul en pleine nature.
Décris nous une journée classique?
Il s’agissait principalement de 1/2 journée de rando.
En gros, levé vers 8h, petit déjeuner et départ vers 9h. Ensuite rando pendant 3-4-5 heures. Déjeuner au camp suivant et après-midi libre pour visiter les environs ou pour se reposer.
Il y a eu une journée avec une plus grosse rando. On est monté à 4000 mètres puis on est redescendu sur l’autre versant à 3500 mètres. C’était une journée assez dure en raison de l’altitude.
Pour l’ascension finale, on a commencé à 2h du matin. La montée se fait de nuit et dans le froid (-15, -20 °C). Pour le coup, la dernière ascension est vraiment dure, les difficultés liées à l’altitude se font vraiment sentir. Mais on arrive au sommet au levé du soleil et le spectacle est superbe. C’est la récompense de l’effort fourni.
Quelles étaient les conditions de vie (nourriture, sommeil, toilettes, etc…)?
Les conditions de vie étaient vraiment très bonnes. Je m’attendais à quelque chose d’un peu plus roots avant mon départ. Au final, j’avais une tente pour moi tout seul, nous mangions dans une autre grande tente où il y avait une table et des chaises et la nourriture était excellente. Nous avions des crêpes, omelette et saucisse, du café et du thé au petit déjeuner, pour le déjeuner et le dîner, nous avions de la soupe, du poisson pané, de la viande, des légumes cuisinés ou des frites.
Pour le sommeil, on dormait très bien. Les matelas fournis par l’agence étaient très épais (on dort sur de la caillasse donc il vaut mieux avoir un bon matelas). Il faut quand même prévoir un bon duvet (-20°C), l’agence peut en fournir si besoin. Avec les journées de rando et l’altitude, on s’endormait assez facilement.
Pour les toilettes, celles des camps consistent en un trou au dessus d’une fosse. C’est pas très glamour mais ça suffit. Sinon, il y a toujours la nature à côté. Par contre, certains endroits un peu reculés sont jonchés de papiers toilettes. Ce n’est pas le spectacle le plus sympa.
Physiquement l’ascension est-elle faisable pour une personne non sportive?
Je pense, oui. Mais il faudra compenser par une grosse motivation. C’est « simplement » de la marche. De plus, on avance vraiment très lentement pour ne pas être essoufflé. La difficulté est l’altitude.
J’ai eu du mal lors de la dernière ascension (j’ai vomi 2 fois), et pourtant je suis assez sportif. Les deux jeunes de notre groupe, pas particulièrement sportifs, sont allés jusqu’en haut sans trop de difficultés. Ils avaient passé 1 semaine à Arusha à 1400 mètres d’altitude avant l’ascension, cela leur a sans doute permis de mieux s’acclimater. Une des filles, pas particulièrement sportive non plus, a réussi à aller jusqu’en haut, mais il a vraiment fallu qu’un des guides la pousse à aller jusqu’au bout. L’autre fille, qui a déjà fait le Mont-Blanc 3 fois, n’a pas fait la dernière ascension en raison du mal des montagnes.
Y-a-t-il eu un moment où tu as souhaité abandonner?
J’ai eu des moments de doute mais je n’ai pas abandonné. J’avais mal au genoux dès le 2ème jour, je me suis bourré d’anti-inflammatoire et puis j’ai continué. Et puis le mal de l’altitude complique également les choses, il faut boire beaucoup d’eau et marcher lentement. Ensuite, c’est juste de la volonté.
Avez-vous tous terminé l’ascension?
Sur un groupe de 5, nous sommes 4 à être allé jusqu’en haut. Et l’arrivée au sommet s’est fait en 3 temps. D’abord les 2 jeunes avec 1 des 3 guides qui nous accompagnaient pour l’ascension finale, puis moi avec un guide environ 30 minutes après (j’ai perdu du temps en vomissant et en reprenant mes esprits…) puis une des filles avec le dernière guide (qui l’a vraiment coachée pour l’amener jusqu’en haut) environ 30-45 minutes après moi (elle aussi a perdu du temps en vomissant).
On était dans la moyenne, environ 80% des personnes qui tentent l’ascension en 5 jours vont jusqu’en haut.
Comment décrirais-tu ton arrivée au sommet?
C’est un mélange de sensation. J’étais quasiment au sommet quand le soleil s’est levé, et là, le spectacle est grandiose. On a une vue imprenable sur la vallée, et puis je venais de passer la plus grosse difficulté, donc il y avait une satisfaction énorme de savoir que j’allais enfin arriver au sommet. Les dernières mètres jusqu’au panneau, indiquant le point le plus haut, ont quand même été très durs en raison de l’altitude, le mal de crâne était de plus en plus présent. Donc une fois arrivée à ce panneau, je n’avais plus qu’une idée en tête, redescendre pour aller un peu mieux. La descente a été très dure: la fatigue après une ascension de près de 6 heures, l’altitude, le chemin qui était de la caillasse qui s’affaissait sous chaque pas, les genoux en feu… Mais une fois arrivé au camp et retrouvé le reste de l’équipe, on s’est congratulé mutuellement. On était content d’être allé jusqu’au bout.
Quels seraient les points négatifs de ton aventure? Si c’était à refaire, le ferais-tu différemment? Si oui quoi?
Pas de points négatifs, en tout cas pas de choses à refaire différemment. Je pensais être un peu plus « seul en pleine nature » mais au final, il y a beaucoup de monde sur cette voie (touristes + tous les accompagnateurs des autres agences). Je pensais également qu’on allait un peu plus vivre à la « tanzanienne » mais on mangeait dans une tente séparée du reste de l’équipe accompagnatrice. Ils font ça par respect et pour nous proposer un meilleur confort ce qui était au final assez appréciable.
Un point que je trouve essentiel et qui m’a satisfait, c’est le petit groupe de 5 qu’on était. Certaines agences font des excursions avec une vingtaine de touristes. Je trouve que c’est beaucoup trop, que c’est un convoi impersonnel. Dans notre groupe, nous n’avons pas beaucoup parler avec les porteurs (qui gère l’ascension en parallèle de la notre) mais nous avons pu beaucoup échanger avec nos guides pendant nos journées de randonnée. Nous avons appris à nous connaître mutuellement ce qui rajoute un côté humain très sympa à cette aventure.
Donc, si je devais le refaire, je m’y prendrai plus tôt pour acheter mon billet d’avion (et payer moins cher) et je reprendrai la même agence et un groupe identique. Pour des personnes plus familiers de ce type d’ascension, il faudra sans doute changer de formule pour que ce soit un plus « aventurier ».
Ton prochain défi?
Excellente question. Pour l’instant, je n’en ai pas. Il y a plein de destinations qui m’intéressent, mais c’est vrai que de rajouter un côté « challenge » rajoute un peu de piquant. Promis, je reviendrai vers JFMV pour vous en parler.